Une priorité de l’enseignement pédagogique : développer une compétence linguistique transversale, la « conscience linguistique », ou faculté de questionnement à l’égard des énoncés afin de déceler leur portée morale, normative, idéologique. Pourquoi? Notre langue façonne notre perception de la réalité et notre mode de pensée. Or, la société contemporaine est partout, culturellement, linguistiquement, ethniquement diverse, les paramètres communicationnels ont changé. Les pratiques didactiques devraient ainsi y conscientiser les apprenants et insuffler le métalangage minimal et la posture critique, voire sémiotique, pour sensibiliser, sans jugement de valeur, aux variations linguistiques, aux nuances de sens, au poids des tournures énonciatives, des connotations, de l’implicite… Comment? Des tâches fonctionnelles, professionnalisantes, des dispositifs interactifs (web documentaire, texte balisé, carte conceptuelle) et l’exercice de compétences informationnelles permettent d’explorer « la face cachée » des messages. Exemples : portée politique de certains énoncés psychopédagogiques ou disciplinaires, caractère masculiniste du français, glottophobie, propos tendancieux de certains manuels scolaires, de certains médias... autant de tremplins pour déchiffrer le monde à travers la langue et responsabiliser les futurs enseignants dans cette mission linguistique et surtout citoyenne. Un témoignage praticien, une réflexion urgente à partager.