Pour mesurer les impacts des innovations pédagogiques numériques sur les apprentissages, le programme Manimal, porté par quatre établissements d’enseignement supérieur français, a sollicité des chercheurs en sciences de l’éducation. La recherche s’est focalisée sur la situation nouvelle qu’impose la conception d’un dispositif hybride de formation : le travail collectif des technopédagogues et des enseignants-chercheurs. En quoi l’activité des premiers s’articule-t-elle aux systèmes d’instruments (modèle instrumental de Rabardel complété par Bourmaud) des seconds pour mieux réaliser leur activité de médiation? L’investigation a révélé que la tâche réelle des ingénieurs pédagogiques différait selon les personnes et les situations. L’activité de médiatisation des technopédagogues aboutit, selon les cas, à des artefacts « attendus » (conformes à la commande) ou « négociés » (co-construits). Ce travail collectif conduit à des typologies variées d’hybridité des modules conçus (mesurés à l’aune de la typologie Hysup) et peut conduire à une plus grande appropriation du numérique chez les enseignants (mesurée à l’aune du modèle SAMR). La médiation instrumentale s’en trouve améliorée ou transformée. Au-delà de la stricte utilisation du numérique, c’est donc l’intentionnalité pédagogique, issue du travail collaboratif entre enseignant-chercheur et ingénieur pédagogique, que la technologie vient impulser et supporter.