L’idée selon laquelle le corps ne serait que naturel et biologique est déconstruite depuis, entre autres, les travaux du sociologue Marcel Mauss. Au-delà des transformations biologiques, ce sont bien les interactions sociales, en particulier au sein du collège, qui vont dessiner les représentations que se font les élèves de leur corps, de l’image d’eux-mêmes, positive ou négative selon que cette image correspond à la norme instituée ou pas. Toute expérience par le corps permet à la conscience de se développer, le « corps vécu », comme l’a nommé Françoise Héritier en 2006, se voyant ainsi modifié par de nouvelles expériences physiques et affectives, par les relations entre les individus. Nous réfléchirons dans cette intervention aux diverses interactions entre élèves et entre élèves et enseignant.e.s, qui façonnent les dimensions corporelles de l’enseignement-apprentissage. En effet, le corps, ses fonctions, ses attributs sont à la fois omniprésents dans les médias contemporains mais semblent être un impensé des réflexions menées sur les lieux d’éducation et de formation. Le peu de questionnement sur la place du corps à l’école dans la littérature scientifique récente est en elle-même une information significative qui pointe les paradoxes actuels de cet objet de recherche.