La construction et la gestion d’espaces d’apprentissage favorisant l’engagement corporel - alternatifs ou supplétifs - bouscule l’ordre interactionnel de la classe, qui reste fondamentalement régulé par le langage. Or les mécanismes de l’interaction langagière sont rarement étudiés et utilisés en pleine conscience par les intervenants. Les praticiens-chercheurs en éducation (générale, artistique, somatique) peuvent tirer grand profit des recherches effectuées en linguistique sur la régulation sociale des formes (Saussure 1917, Langacker 2008), le rôle de l’expérience sensori-motrice dans la genèse de la sémiologie langagière (Heine 1991), le fonctionnement cognitif de la métaphore (Lakoff & Johnson 1999), l’intégration conceptuelle (Fauconner & Turner 2004), l’action gestuelle spontanée du « corps intelligent » parlant et remuant en présence d’autres corps (Streeck 2011), ainsi que sur des processus pragmatiques pouvant être des freins (si on n’en déjoue pas les pièges, comme l’embarras) comme des atouts (si on exploite leur potentiel, comme l’ajustement). Parmi ces phénomènes figurent le rôle ordonnateur et régulateur de la situation sur les comportements sociocognitifs, la face (Goffman 1983) et l’inférence (Sperber & Wilson 2008). On illustrera en contexte éducatif quelques notions-clés jugées déterminantes pour le déroulé, le pouvoir d’inclusion et la qualité d’analyse des événements d’apprentissage déclenchés par les dispositifs d’étude par-corps.