Les uns, pris de panique à l’idée de ne plus revoir leurs élèves avant la fin de l’année (Lévy, 2020), empêchés de se mouvoir et s’émouvoir avec eux, privés d’honorer leurs habitudes d’enseignement au quotidien, avec panache souvent. Les autres, pas vraiment fâchés d’être déjà quasi en vacances, ennuyés de devoir malgré tout entretenir le contact avec leurs élèves, par injonction, pas vraiment par passion. Les uns et les autres, redevenus des maîtres ignorants (Rancière, 1987), immergés dans une situation inédite face à laquelle la seule ressource est de déthéoriser les certitudes pédagogiques et didactiques pour construire, sur le tas, seul parfois et dans l’urgence, des propositions bricolées (Taddei, 2018). Tel est le sort des enseignants au printemps 2020. Celui des élèves n’est guère plus enviable : ils ont affaire à des enseignants qui ne sont plus vraiment supposés savoir (Loizon, 2015), sur la méthode du moins (Delvaux, 2015). Ils ont à s’accrocher pour ne pas décrocher, à s’exercer pour l’ÉP mais sans toucher-contact, l’ADN de la discipline. Retrouveront-ils le temps du vivre ensemble et du faire ensemble au gymnase ? Quand les enseignants et leurs élèves pourront-ils identifier les bénéfices de cette oasis de décélération contrainte (Rosa, 2018 ; Taddei, 2018) ?